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Mathilda May écrit et dirige cette fresque folle sur le monde du travail. Six personnages dans un open space sont condamnés à vivre ensemble le temps d’une journée. Une épopée tragique et drôle, entre Kafka et les Monty Python.
Matin, tôt, horaire de bureau. Un espace ouvert. Ils s’installent à leur table. Grincements des sièges, mise en route, bâillements. Grognements de la machine à café. Les bruits se juxtaposent, les mouvements s’enchaînent. La routine prend des allures de ballet magistral. Ils pourraient être les agents d’une compagnie d’assurance. Il y a celle qui boit en cachette, celui qui colle aux basques du patron, celui qu’on a mis au placard. Il y a celui qui s’endort, celle qui fait du bruit, l’autre qui s’en fout, et ceux-là qui s’aiment. Quelques humains ordinaires cohabitent une journée entière dans un open space, exploit surhumain. Ils sont traversés tour à tour par des rêves de grandeur, des fatigues et des inquiétudes, des colères rentrées et des pulsions inavouables.
Comète imprévisible de la scène, chanteuse, danseuse et comédienne, Mathilda May jouait l’an passé au Rond-Point L’Enterrement de Thomas Vinterberg et Mogens Rukov. Elle a signé son premier roman Personne ne le saura, après quarante ans. Elle a livré ensuite son premier spectacle Plus si affinités avec Pascal Légitimus. Auteur, chorégraphe et musicienne, elle dirige ici sept comédiens polyvalents, dans un ch’ur de borborygmes, onomatopées et bruits divers. Elle compose une fantaisie délirante pour un lieu de travail et de torture qu’elle transforme en terre magique. Sans paroles, avec ralentis, gros plans, retours en arrière, Open Space se suit comme une symphonie de sons, un conte moderne aux échappées féeriques. Franz Kafka ou les Monty Python pourraient en être les parrains. Pierre Notte